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EMK

Interview avec Katharina Niemeyer

Cinq questions à Katharina Niemeyer, ancienne étudiante EMK (diplômée en 2003).

Katharina Niemeyer a étudié EMK à la Bauhaus-Universität de Weimar et les sciences de l’Information-Communication à l’Université de Lyon 2. Outre divers travaux de recherche, elle soutient à l’Université de Genève sa thèse sur les journaux télévisés français, allemands et américains et leur relation avec la mémoire et l’histoire. Ce travail de recherche a été publié en 2011 : De la chute du mur de Berlin au 11 Septembre 2001 - Le journal télévisé, les mémoires collectives et l’écriture de l’histoire (Lausanne, Antipodes). http://www.antipodes.ch/medias-et-histoire/187-de-la-chute-du-mur-de-berlin-au-11-septembre-2001

Elle a publié récemment un nouvel ouvrage : Media and Nostalgia : Yearning for the Past, Present and Future  (Palgrave Macmillan Memory Studies in May 2014).

Katharina Niemeyer est actuellement Maître de conférences en communication et sciences des medias à l’Institut Français de Presse (IFP) de l’Université Panthéon Assas, Paris 2, en France, et membre du Centre d'Analyse et de Recherche Interdisciplinaire sur les Médias (CARISM).



1.    En 1999, tu as commencé à étudier EMK à Weimar. Quand tu repenses à ces années, est-ce que tu deviens nostalgique ?

Oui, c’est une nostalgie positive car les années passées à Weimar et à Lyon sont pleines d’impressions différentes. Quand j’y repense, c’est principalement aux bons moments que j’ai passés avec mes amis et mes camarades dans les deux villes : étudier ensemble, découvrir la vie française, assister à des cours intéressants. Je me souviens encore des nombreuses soirées à Weimar qui étaient empreintes d’une « atmosphère de réunification » et qui avaient majoritairement lieues dans des endroits abandonnés ou des appartements délabrés. Peut-être que c’est encore le cas aujourd’hui.  Cette époque me manque car à la fin des années 90 Weimar était un lieu original et excitant. À Lyon, j’ai apprécié la vie avec mes colocataires dans l’environnement multiculturel. Les deux années à Lyon n’ont pas non plus toujours été simples car la bourse ne suffisait pas pour vivre. Je passais donc la majeure partie de mon temps à l’université et je faisais des jobs pour financer mes études. Mais c’était en même temps une expérience enrichissante qui m’a permis de découvrir la vie active française en dehors des études. Cette nostalgie dont je parle, je ne la nommerais pas « Heimweh » (mal du pays) mais je la considère comme un regard agréable sur le passé.

2.    Qu’est-ce que tu as appris durant tes études en EMK ?

J’ai appris à vivre et à penser. En ce qui concerne le monde académique, je pouvais combiner deux approches des sciences des médias et de la communication : l’approche philosophique et théorique de Weimar, avec également des projets créatifs, comme par exemple la création de programmes télévisés ou des séminaires virtuels. Et d’un autre côté, la vision plus pragmatique et appliquée de l’université française en plus était intéressante et une expérience réellement opposée. Je me rappelle encore comment les étudiants français notaient comme des machines tandis que nous, les nouveaux étudiants allemands, nous étions au début  plus ou moins perdus dans la salle parce que nous étions plutôt habitués à un enseignement interactif. Mais ce n’est pas une critique, c’était simplement une autre façon de procéder et c’était très utile pour apprendre à connaître une autre manière de penser.
Sinon, l’époque de l’EMK c’était aussi l’époque de l’apprentissage, comment vit-on, comment organise-t-on son quotidien dans un autre pays, dans une autre ville. Penser dans une autre langue, rêver en français, par exemple. Quand on apprend avec des personnes différentes, on apprend aussi beaucoup sur soi-même.

3.    Comment le programme binational a-t-il influencé ton parcours académique ?

Il y a différentes influences, si tant est que l’on puisse utiliser le mot « influence » ici. D’abord je pouvais combiner différentes méthodes et approches théoriques de la culture qui m’ont permis d’écrire ma thèse. Celle-ci est clairement un résultat direct de mon expérience EMK. Pas tellement dans l’approche comparatiste mais plutôt en ce qui concerne le choix des sujets et la collecte de données pour le projet. La double expérience culturelle fut un enrichissement pour travailler d’un œil encore plus critique un thème de recherche. Et comme mon français s’est amélioré au fil des années, j’ai pu aussi écrire ma thèse en français. Grâce à des communications et publications en anglais, allemand et français ce fut facile d’entrer en contact avec des groupes de recherche ou des collègues internationaux. 

4.    Tu as participé à une table ronde lors de la rencontre des Alumni (anciens étudiants) en juin 2014 à Lyon. Peux-tu nous décrire tes impressions sur cette rencontre avec des étudiants EMK ?  

C’était bien de rencontrer à la fois d’ « anciens » collègues, d’anciens étudiants et également les nouveaux. Je me suis réjouie de voir que la formation EMK continue d’exister avec son fonctionnement créatif et ouvert d’esprit. Les discussions au cours de la conférence ont clairement montré qu’EMK ce n’est pas seulement un programme auquel on prend part. C’est la possibilité offerte de se confronter à des thèmes concernant les médias. C’était aussi intéressant d’évoquer la « question du genre » dans le monde universitaire et le monde du travail. C’était également bien de voir que les étudiants EMK veulent s’orienter vers des chemins vraiment très divers : rester à l’université, travailler dans des institutions publiques ou privées. C’est la diversité des personnalités des étudiants qui rend le programme aussi intéressant.

5.    Qu’est-ce que tu conseilles aux futurs étudiants EMK ?

Spécialement aux étudiants EMK ? Je préfèrerais plutôt donner un conseil général… profitez de ce moment unique. La possibilité d’étudier, d’apprendre et d’interroger le monde qui nous entoure est un cadeau qui doit être accepté et conservé. Je vous encourage tous à écouter votre voix intérieure, de croire à vos passions et de partager vos connaissances et vos idées avec les autres. Les études ne devraient pas être seulement pour l’obtention du diplôme sur votre CV, elles devraient constituer une expérience qui vous rende curieux et ouvert pour la vie après les études. Bien sûr, il y aura parfois des difficultés (financières et existentielles), mais étudier et penser devrait idéalement aider à surmonter les obstacles et devenir une personne qui agit modestement et de manière réfléchie.

Merci beaucoup Katharina et bonne continuation!